in memoriam
FRANCISCO APARICIO (1936-2024)
Francisco Aparicio, sculpteur et médailleur espagnol, apprécié longtemps aux expositions de la FIDEM, est décédé à Madrid le 11 septembre 2024. C’était le dernier représentant, en ce qui concerne la médaille, du courant artistique dénommé le « réalisme madrilène ».
Sculpteur aux qualités remarquables, ayant gagné le Prix national de sculpture espagnol à peine terminée sa formation à la Escuela de San Fernando, de Madrid, il a débuté en médaille en 1970 quand, au vu de l’effervescence promotrice exercée à l’époque par la Fábrica Nacional de Moneda y Timbre et encouragé par les travaux de ses collègues dans ce cadre, il a décidé d’expérimenter en médaille et de participer au prix Tomás Francisco Prieto. Un accessit lui a été décerné en cette occasion ; quelques années plus tard, en 1977, il remporterait le premier prix. La médaille a été pour lui, par la suite, support cardinal d’expression artistique. Il a participé aux expositions de la FIDEM de 1971 à 2012.
Ayant débuté dans le réalisme, qu’il a retenu toujours comme sa principale source d’influence, il a développé dès le début un fort penchant pour l’introspection et pour le côté spirituel, original et hors du strict réalisme : « chercher la ressemblance externe mais, surtout, avec l’intérieur, l’esprit ». Cette approche est transposée notamment sur nombre de médailles consacrées au sujet, chéri pour lui, de l’enfance : « j’ai une faiblesse pour la représentation de l’enfance et la transition de cette étape de la vie à la maturité ». Tout ce qui a rapport aux enfants, à tous les moments de la croissance même depuis le sein materne, à la découverte progressive des réalités souvent pénibles de ce monde, l’appel à la conscience humaine à leur égard, est traité avec une touchante délicatesse et sensibilité.
Important est le rôle octroyé toujours à la poésie et à la valeur poétique de la médaille, quel que soit le sujet : « intégrer la poésie par la légende ; c’est ainsi qu’un dialogue de volume et parole est établi ». Souvent la légende n’est plus complément, mais source, de l’image. Valeur d’affection complété par le fait que, pour aborder les sujets spécialement sensibles, intimes ou délicats, il a choisi toujours comme support la médaille : « elle m’offre un rapport intime avec l’ouvrage que je ne trouve pas en sculpture ».
Aparicio a surpris aussi par ses propositions innovatrices d’interaction de médaille et ronde-bosse, en parallèle aux expériences de Julio López Hernández et Fernando Jesús en ce sens, motif de controverse à l’époque au sein de la FIDEM. L’ouverture d’une médaille au moyen d’une charnière, les jeux de relief et ronde-bosse et de volume et vide en même temps, la rupture du plan de la médaille, l’articulation de médaille et plan orthogonal, offrent des effets parfois risqués et toujours surprenants.
Réaliste détaché du réalisme, solitaire avançant sans chemin et sans miroir – ainsi la légende d’une médaille, reprise d’un poème de Machado –, son humanité, sa gentillesse, sa bonté ont été partout appréciées. Son souvenir restera lié à cet esprit, le même esprit transmis par ses médailles, sensible, proche, doté d’un grand sens de l’humour. Sa perte n’a éveillé à toute personne l’ayant connu qu’un sentiment unanime et sincère: tristesse.
Javier Gimeno
Les citations entre guillemets sont extraites de l’interview à Francisco Aparicio par María Luisa Vico en 2015, publié à : Vico, M. L. : La medalla editada en España (1950-1980): testimonio artístico de la época y campo de experimentación de las nuevas formas artísticas en el siglo xx, Madrid, 2015, pp. 330-332.
Illustrations :
1 – Francisco Aparicio au travail sur une médaille
2 – La noche (La nuit / The night), 1974
3 – En el aire (En l’air / In the air), 1987
4 – Dante, 1975, revers
JOSEP RAMISA (1932-2024)
Le médailleur et éditeur Josep Ramisa est décédé le 28 février 2024 à Barcelone. Sculpteur et peintre, il a dirigé son intérêt artistique surtout vers la médaille frappée commémorative, domaine dans lequel a développé un notable savoir-faire dans le cadre des réalisations de différents établissements éditeurs de Barcelone.
Auteur dans ce contexte de nombre de médailles, ainsi que des séries monétaires pour le Cuba et divers pays africains, il a fondé en 1985 à Barcelone son propre établissement, Argentfí, actif jusqu’en 2001. En cette étape il a réalisé notamment diverses médailles et séries au sujet olympique à l’occasion des jeux de Barcelone de 1992. Il a participé aux expositions de la FIDEM de 1983, 1987 et 1992.
Javier Gimeno
Illustration :
Casa Colet à Barcelone